L'histoire de notre Commune
Les communautés villageoises autour du Pic Saint Loup ont été plutôt accueillantes pour les “étrangers”. Sainte-Croix-de-Quintillargues porte doublement la marque de ces apports successifs : un légionnaire romain dans son nom, des migrants italiens dans ses murs et ses bois.
Le vieux centre de Sainte-Croix
Tout commence avec un légionnaire dénommé Quintillus qui s’établit dans un coin de bois au bord de la voie reliant Nîmes au Larzac. Le nom de la villa bâtie par ce colon venu de l’Empire des Césars – la ferme de Quintillus – s’est transmis à travers presque deux millénaires à celui de la commune, sous la forme de Quintillargues (suffixe –argues que l’on retrouve souvent indique l’appartenance du lieu-dit à un propriétaire gaulois ou romain).
Quand, vers l’an mil, la communauté villageoise décida de bâtir une église, elle n’oublia pas son illustre concitoyen italien et associa le nom de Sainte Croix à Quintillus.
L’histoire médiévale de celle-ci est une suite de querelles entre les comtes de Melgueil, l’évêque de Maguelone, le Sénéchal de Beaucaire… comme tous les villages de la région, convoités pour les impôts, taxes et droits divers. Il y avait des péages et de substantiels bénéfices pour ceux qui les tenaient. La commune fut le lieu de farouches rivalités pour s’octroyer les bénéfices de celui de Sainte Croix de Quintillargues.
Nous sommes dans les années 1210. L’évêque Guillaume d’Autignac vient d’être nommé comte de Melgueil et de Montferrand par le pape pour la modique somme de vingt cinq mille sols qu’il ne possède pas. Il veut remplir son escarcelle. De son côté, le roi de France envoie ses officiers pour glaner des deniers. Les Montpelliérains, quant à eux, prétendent n’avoir rien à payer… Une mine d’or très convoitée ! Sainte Croix de Quintillargues appartient alors au comté de Melgueil qui s’étale sur un axe nord-sud. Pour se rendre dans sa partie nord, ou à Alès ou vers le Massif Central, le plus court est de passer par l’axe Arsacio (Assas) – Quissac qui passe par le péage de Sainte Croix. Mais les autorités comprirent vite que les petits malins faisaient un détour par Restinclières et Sommières ou par Prades, Tréviers et Quissac où il n’y avait pas de péage. Le problème fut résolu par la mise en place de péages sur ces trois itinéraires.
Le royaume de France centralisateur a mis fin à ces guerres picrocholines en imposant l’administration de la capitale sur le territoire.
En 1789, la République jacobine a poursuivi la tradition : en créant les communes, Sainte Croix de Quintillargues et sa voisine Fontanès ont été fusionnées. Puis, en 1795, décision contraire. Le tout nouveau département de l’Hérault les sépare : la première rejoint le canton des Matelles, la seconde celui de Claret.
Quand, après la première guerre mondiale, les Italiens vinrent en masse, ils furent naturellement accueillis, dans un esprit plutôt xénophile. Avec les agriculteurs espagnols, arrivèrent charbonniers et maçons italiens. Dans les années 1930, il y avait 20 % d’étrangers dans la commune !
Au XXe siècle, la décentralisation arrive. Les communes se retrouvent à nouveau réunies dans la Communauté de Communes du Pic Saint Loup et, associées à 35 autres, dans le périmètre du Schéma de cohérence territoriale (SCOT). Les nouveaux territoires réunissent ce que les précédents avaient désuni. Sainte Croix de Quintillargues ne peut faire face, seule, aux deux mouvements contradictoires et paradoxaux qui secouent les territoires d’Oc : un déclin qui stimule, un essor qui inquiète.
A Sainte Croix de Quintillargues, si l’on pense global à long terme, on agit aussi local tout de suite : regroupement des nouveaux lotissements autour du cœur de village restauré et protégé, acquisitions foncières pour développer des sentiers de randonnée et les balades à thème, développement touristique associé à la découverte des produits de terroir, stimulation de la vie associative, mise en valeur du patrimoine et des technologies traditionnelles…
Les charbonniers
Le Foyer Rural Les Quintillades est l’un des piliers de la vie culturelle de Sainte Croix de Quintillargues. Parmi ses activités, le projet intitulé Charbon actif vise à perpétuer les métiers et les technologies traditionnelles liées à la production et à l’exploitation du charbon de bois. Et, quand on parle de charbon de bois, on parle forcément des carbonari (charbonniers) ou boscatieri (hommes des bois) italiens venus du Piémont après la première guerre mondiale pour exploiter la garrigue qui n’était jusque-là que le domaine des bergers. Chose remarquable, sur le territoire du Pic Saint Loup, ces bouscatiers sont tous des “pays”, Qu’ils s’appellent Salvi, Milesi, Mosca… tous viennent des hameaux de la commune de San Pellegrino, près de Bergame, connue aujourd’hui pour son eau minérale. Ce Piémont très pauvre ne pouvait nourrir ses familles nombreuses. Dans chaque famille, quelques-uns partaient chercher du travail ailleurs : les États-Unis, le Brésil, la France. Parfois pour la saison, parfois pour toujours. Le premier arrivé faisait venir les autres, si le filon était bon. Ce fut le cas des charbonniers de San Pellegrino autour du Pic Saint Loup. Deux générations de bouscatiers ont façonné la garrigue. Achetant des droits d’exploitation aux propriétaires, ils ont “nomadisé” dans nos forêts, construisant des cabanes de pierres et de branchages pour vivre, défrichant des clairières pour y construire leurs “meules”, fours à charbon faits de bois coupé, de paille et de terre. Jusque dans les années soixante, ils donnèrent à nos collines un aspect très différent de celui d’aujourd’hui. Les dents des moutons et la hache des bûcherons en ont fait des reliefs blancs du calcaire dénudé. Depuis qu’ils sont partis, la garrigue a repoussé, le kermès a couvert le sol, le sanglier est venu s’y abriter et se nourrir de ses glands. Mais la technique et la tradition des charbonniers ne se perd pas. Encore bien vivants, ceux qui ont passé leur enfance dans les bois enseignent maintenant la technique de la carbonisation aux membres du foyer Les Quintillades. Charbon actif a permis de reconstruire, d’allumer et de mener à terme une meule à l’ancienne, sur le site d’une charbonnière abandonnée, dans un bois communal de Sainte Croix de Quintillargues. Sur la colline, pendant que le chêne carbonisait lentement, on pouvait visiter d’autres anciennes charbonnières et imaginer la rude vie de ces hommes des bois.
Pour conserver la mémoire de ces hommes et de leurs techniques, le Foyer rural et la municipalité ont décidé d’aménager un sentier de randonnée sur le thème des bouscatiers.
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L’Église
L’église de Sainte-Croix-de-Quintillargues fut construite aux XIème et XIIème siècles et modifiée au XVIème siècle. Elle fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 30 mars 1978.
Architecture
Les maçonneries : L’église est édifiée en pierre de taille sauf la partie haute qui est constituée de moellons et résulte probablement d’une fortification de l’édifice, comme l’indiquent les échauguettes situées aux angles sud-est et nord-ouest.
Le chevet : Le chevet est édifié en pierre de taille de belle facture assemblée par endroits en opus monspelliensis (appareil de construction de murs qui fut principalement utilisé à l’époque romane dans la région située autour de la ville de Montpellier) , plus particulièrement à la base et à mi-hauteur du chevet. Certaines assises de pierre, et en particulier celles qui sont moins hautes que les autres (et qui caractérisent cet opus), sont de couleur plus foncées. Il est surmonté d’une corniche biseautée et recouvert de tuiles romaines. La fenêtre absidiale à double ébrasement ne présente aucune décoration.
La façade méridionale : La façade méridionale est percée d’une fenêtre unique, semblable à la fenêtre absidiale, et présente la trace d’une ancienne porte romane murée (comme la façade nord). Sa maçonnerie présente des traces d’opus monspelliensis comme le chevet, ainsi que de nombreuses traces de réfection.
La façade occidentale : La façade occidentale, difficile à apprécier vu l’absence de recul, est surmontée d’un clocheton à deux baies campanaires.